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L'évolution de la place des femmes ingénieures en entreprise > Début de carrière

L’histoire de ces femmes commence avec leur intégration au sein d’une nouvelle équipe, souvent masculine. Dans l’ensemble, cette étape s’est toujours bien passée, seules 10% des femmes ont toujours eu une réelle difficulté à s’intégrer dans une nouvelle équipe. D’autres (9%) reconnaissent avoir eu du mal lors de leur première embauche mais hésitent à attribuer cela à leur genre plutôt qu’à leur jeunesse et manque d’expérience. Le mécanisme d’intégration n’est pas le même pour les femmes que pour les hommes, par exemple une des répondantes indique : « J’étais en stage et seuls les stagiaires garçons étaient dans certains mails envoyés par les chefs car ils s’envoyaient des blagues graveleuses entre « hommes ». Cela créait une forme de proximité avec la hiérarchie à laquelle je n’avais pas accès (même si entendons-nous bien je n’avais pas envie de recevoir ces blagues). »
 
Les problèmes d’intégration des femmes dans les équipes sont des cas isolés (un ou deux par décennie étudiée) et proviennent plutôt de la mentalité d’un groupe d’hommes avec qui il est difficile de trouver le bon comportement à adopter.

Vient ensuite le temps de faire ses preuves. 46% des femmes interrogées considèrent qu’elles ont dû faire plus d’efforts que leur homologues masculins pour faire leurs preuves et obtenir la même considération. On observe néanmoins nettement moins de témoignages dans ce sens chez les femmes ayant commencé à travailler en 2010 (23% contre 60% pour les femmes ayant commencé dans les années 90), ce qui semble dénoter d’une évolution positive.

L’origine de cette pression sur les jeunes employées a été plusieurs fois analysée par les répondantes. L’une d’elles qui a débuté sa carrière en 1981 remarque : « […] il fallait bien préparer les réunions (plus que mes collègues masculins) de façon à être au top. Est-ce nous qui nous mettions la pression, ou était-elle réelle? Hier dans les années 80 oui. Aujourd’hui, je ne pense plus. » Ainsi, dans certains cas, cette pression pourrait également tenir de l’acquis culturel. Une femme diplômée en 1992 accorde ainsi « J’en ai eu souvent le sentiment (de devoir davantage faire mes preuves ndlr) mais ma progression de carrière a été plus rapide que celle de mes collègues hommes. Mon ressenti n’est pas validé par les faits. ». Ceci n’occulte cependant pas les nombreux cas de femmes qui pour imposer leurs idées dans un projet ont dû effectivement avancer plus d’arguments que leur homologues masculins. Elles ont eu l’impression de devoir faire preuve d’un sérieux ou d’une ponctualité qui n’étaient pas demandés chez d’autres ingénieurs.