Photo pour le web

Romain, diplômé Grenoble INP - Phelma 2018 : « Je pense que la grande force de l’école vis-à-vis du monde du travail réside dans sa réputation auprès des entreprises »

Romain, diplômé 2018 de la filière Génie énergétique et nucléaire (GEN), est aujourd’hui en thèse industrielle au sein de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire. Lors de la journée des partenaires organisée par Phelma, le jeudi 18 octobre 2018, il s’est vu remettre un prix pour son projet de fin d’études aux côtés de deux autres ingénieurs Phelma fraîchement diplômés.

Parlez-nous de votre parcours


En première année, j’ai suivi le parcours Physique Matériaux Procédés (PMP) qui me semblait être le plus pertinent au vu de ma formation préalable (DUT Mesures Physiques). Cette formation m’a permis d’étudier des domaines extrêmement variés allant de la physique fondamentale (physique quantique, physique statistique, …) à la physique appliquée (électronique, matériaux, …) en passant par les mathématiques, la programmation et la chimie. Cette variété constitue l’atout majeur de la première année d’études à Phelma puisqu’elle permet d’acquérir une culture scientifique très large, ce qui est essentiel pour bien choisir son orientation en deuxième année.
A la fin de la première année, j’ai décidé de m’orienter en filière Génie énergétique et nucléaire (GEN). Mon intérêt pour cette filière vient originellement de ma conscience des enjeux écologiques auxquels l’humanité fait actuellement face et de ma volonté de participer à la recherche scientifique contre le réchauffement climatique. De plus, à la fin de la première année à Phelma, j’ai choisi le cours de pré-orientation GEN qui m’a permis d’avoir un aperçu des enseignements de la filière. C’est ce qui a définitivement figé mon choix d’orientation.
 

Avez-vous fait des échanges à l’international ? Sous quelle forme ? En tirez-vous parti aujourd’hui ?


J’ai effectué un semestre en échange au sein de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Ce séjour en Suisse m’a beaucoup apporté, tant d’un point de vue professionnel que personnel. D’une part, l’approche pédagogique était très différente de celle utilisée en France et il a donc fallu que je développe rapidement des capacités d’adaptation. De plus, les cours étaient d’un niveau élevé et dispensés en anglais ce qui m’a permis de m’enrichir tant sur le plan scientifique que sur le plan linguistique. Enfin, les étudiants de l’EPFL sont originaires de pays divers et variés (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie, Mexique, Russie, Suisse, etc.) et à leur contact j’ai beaucoup appris sur leurs cultures ce qui m’a permis de gagner énormément sur le plan humain. Ce séjour à l’étranger fut incontestablement une période extrêmement enrichissante de ma scolarité.
 

Parlez-nous de votre sujet de Projet de fin d’études (PFE) pour lequel vous avez reçu un prix.


Électricité De France (EDF) a déposé auprès de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) des demandes visant à prolonger l’exploitation de ses réacteurs 900MWe de 10 années supplémentaires. Le vieillissement de la cuve, composant non remplaçable du réacteur, apparaît alors comme un obstacle à cette extension de durée de vie. Une part de son vieillissement est induite par l’irradiation sous flux neutronique qu’elle subit, ce qui peut causer des dommages dans la structure des matériaux la composant. De fait, il existe une limite à ne pas dépasser pour la quantité de neutrons qui va toucher la cuve pendant sa durée de vie (fluence cuve) afin que celle-ci conserve les caractéristiques requises par les démonstrations de sûreté.
L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), dont l’une des missions principales est d’effectuer des expertises de sûreté sur les réacteurs nucléaires français, souhaite élaborer un schéma de calcul de fluence cuve performant et précis, notamment capable de gérer différents scénarios possibles d’historique d’irradiation du réacteur. Il permettrait ainsi d’améliorer la maîtrise des hypothèses habituellement faites autour de ces calculs de fluence cuve dans le cadre des expertises de sûreté concernant le vieillissement de la cuve. Mon Projet de Fin d’Études (PFE) se plaçait quant à lui en amont du développement de cet outil innovant et a consisté, dans les grandes lignes, en la réalisation d’un grand nombre de simulations neutroniques en faisant varier les paramètres de gestion du réacteur pour évaluer leur impact sur la fluence cuve. Ainsi, il a été possible d’identifier les paramètres qui jouent un rôle non négligeable et donc ceux qu’il sera nécessaire de prendre en compte dans le schéma de calcul développé à l’IRSN. Les résultats que j’ai obtenus pendant mon PFE constitueront donc une base de travail pour le développement du schéma de calcul qui sera l’objet de ma thèse.
De manière générale, j’apprécie cette thématique de par les enjeux extrêmement importants qui la sous-tendent, qu’ils soient écologiques, économiques ou sociétaux. D’un point de vue plus pratique, j’ai apprécié la liberté que j’ai eue pour traiter cette thématique et la considération que mes encadrants ont apporté à mes propositions.
 

Que faites-vous aujourd’hui ?


Lorsque je recherchais mon sujet de PFE, un de mes critères de sélection était la possibilité de continuer en thèse à la suite du stage. Celui que j’ai réalisé offrait cette opportunité et je suis donc aujourd’hui en thèse au sein de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). Le sujet de ma thèse se situe dans la continuité de mon travail de PFE puisqu’il consiste à mettre au point le schéma de calcul en lui-même.
La difficulté pour mettre au point un tel schéma de calcul réside dans le fait que les réacteurs nucléaires français ont tous eu une « vie » très différente, ce qui implique que les variations de leurs paramètres de gestion (puissance du cœur, barres de contrôles, concentration de bore dans le modérateur, …) sont également uniques. Dès lors, la fluence cuve qui résulte de ces gestions est également susceptible de varier significativement d’un réacteur à l’autre. Cependant, prendre en compte ces variations dans les simulations pour chacun des réacteurs s’avère impossible du point de vue du temps de calcul. Il est donc nécessaire de trouver un compromis permettant de restituer au mieux les effets des différentes « vies » de chaque réacteur sans pour autant complexifier à outrance le schéma de calcul.
 

Vos études à Phelma sont-elles en adéquation avec le poste que vous occupez ?


Je dirais que ma formation est adaptée au poste que j’occupe aujourd’hui puisque le parcours GEN de Phelma permet d’appréhender la physique nucléaire, que ce soit dans son aspect le plus fondamental ou dans son aspect le plus pratique (fonctionnement des réacteurs). Pour ma part, les connaissances dont je me sers quotidiennement sont celles des cours de neutronique, de physique nucléaire et de technologie des réacteurs nucléaires. Le niveau d’anglais ainsi que les compétences scientifiques que j’ai pu développer lors de mon séjour à l’EPFL me sont également indispensables au quotidien. Bien évidemment, en sortant de l’école notre formation n’est pas totalement complète, notamment au niveau des notions scientifiques très spécifiques ou des outils scientifiques (codes de calcul, logiciels de programmation, …). Cependant la formation fournie par la filière GEN de Phelma nous permet d’avoir assez de recul scientifique pour apprendre les notions manquantes par nous-même. On ne cesse jamais d’apprendre, surtout en thèse.
 

Quelle est, selon vous, la force de Phelma vis-à-vis du monde du travail ?


Je pense que la grande force de Phelma vis-à-vis du monde du travail réside dans sa réputation auprès des entreprises et dans la diversité des offres proposées aux étudiants pour le PFE et en sortie d’école, notamment pour la filière GEN.
En effet, les entreprises et les laboratoires envoient une grande quantité d’offres de stage/emploi à l’école qui les transmet aux élèves des filières concernées. Ces offres couvrent une large gamme de domaines (neutronique, thermo-hydraulique, exploitation de réacteurs, …) et peuvent être tant dans l’industrie que dans la recherche. Je pense que pouvoir se permettre de choisir sans complexes la thématique sur laquelle on veut travailler est un vrai plus, surtout au vu des difficultés que peuvent rencontrer les diplômés d’autres domaines ou formations dans leurs recherches d’emploi.
 

Racontez-nous un souvenir qui vous a marqué durant votre parcours à Phelma.


Mon anecdote ne se place pas vraiment pendant ma scolarité mais plutôt à la toute fin puisque j’ai eu l’honneur de remporter l’un des trois prix PFE qui ont été remis le 18 octobre dernier à la journée des partenaires de Phelma. J’ai ainsi pu présenter brièvement mon travail de PFE aux étudiants qui étaient présents dans l’Auditorium de Grenoble INP et j’ai pris un réel plaisir à échanger avec quelques-uns d’entre eux après la remise de prix. Au-delà de la récompense, ce fut un vrai plaisir de voir mon travail éveiller la curiosité scientifique des étudiants.