À l’origine de cette prouesse : Catherine Picart, enseignante à Grenoble INP - Phelma, UGA et actuellement, directrice de l’Unité 1292 Biosanté (INSERM /CEA/ UGA). Soutenue par l’ERC et incubée par SATT Linksium, Apios fait partie des 8 startups finalistes du Trophée Startup Présences. La startup qui aura eu le plus de vote recevra un Trophée Présences lors de la Nuit de l'économie le 11 décembre prochain, alors à vous de voter !
Apios développe une innovation de rupture : des implants osseux imprimés en 3D et recouverts de films biomimétiques capables de libérer des facteurs de croissance. Cette technologie déclenche une reconstruction naturelle de l’os, directement dans le corps du patient.
C’est une avancée majeure parce qu’elle offre une alternative aux greffes osseuses traditionnelles, souvent lourdes et risquées. L’implant Apios est particulièrement prometteur pour les patient·es fragiles, comme ceux atteints d’ostéoporose ou de diabète, pour lesquels les greffes échouent fréquemment.
Derrière cette innovation, on retrouve Catherine Picart, spécialiste de l’ingénierie tissulaire. Avec son équipe, elle a su transformer des années de recherche académique en une solution clinique à fort potentiel, aujourd’hui soutenue par des partenaires majeurs.
Rencontre avec Catherine Picart
Présentez-vous en quelques mots
Je suis ingénieure en physique des matériaux, diplômée en 1994 de l’Ecole Nationale Supérieure de Physique de Grenoble (ENSPG), une des 3 écoles fondatrices de Grenoble INP - Phelma, puis je me suis formée à l’ingénierie biomédicale en faisant un master de Génie Biologique et Médical de l’UGA, la même année, en double diplôme.
Au fur et à mesure de ma carrière, je me suis spécialisée dans le domaine des Biomatériaux, le Biomimétisme, et la Médecine Régénératrice.
Mon objectif professionnel est de mettre à profit mes compétences d’ingénieure biomédicale pour travailler sur des problèmes biologiques, en collaboration avec des équipes de biologistes, et des applications cliniques, en collaboration avec des cliniciens.
Parlez-nous de votre expérience professionnelle
Mon parcours est académique. J’ai fait une thèse en ingénierie biomédicale entre deux laboratoires grenoblois : le CHU de Grenoble et le laboratoire de rhéologie, puis un post-doctorat au département de bioingénierie de l’Université de Pennsylvanie. Ensuite, j’ai obtenu un poste de maitre de conférence à l’Université de Strasbourg, partagé entre la faculté de chirurgie dentaire (pour 20 % de mon temps) et l’Ecole de Chimie Polymère et Matériaux (ECPM) de Strasbourg (80 %).
Pour la recherche, c’est là que j’ai commencé à travailler dans le domaine des Biomatériaux, au sein d’une Unité INSERM.
En 2004, J’ai obtenu un poste de professeure à l’Université de Montpellier au sein du département de Biologie Santé. J’y enseignais la biophysique à des élèves de premier cycle de biologie jusqu’au niveau master. En parallèle, j’ai commencé à développer mes propres projets de recherche sur les films biomimétiques, c’est-à-dire des films à base de biopolymères, qui sont capables de délivrer des facteurs croissances. Ces facteurs de croissance sont de très puissants agents biologiques qui agissent directement sur les cellules de notre corps. Notamment, mon travail sur la "bone morphogenetic protein 2" (BMP-2), la protéine qui est la plus puissante pour enclencher la régénération osseuse, a débuté là.
C’est en 2008 que j’ai rejoint Grenoble INP - Phelma, UGA, filière Biomedical Engineering (BIOMED) dans le cadre d’une mutation. Côté recherche, j’ai rejoint le LMGP* et j’ai pu travailler sur le développement d’implants ostéo-inducteurs, c’est-à-dire capables d’enclencher l’auto-réparation de l’os, pour la chirurgie osseuse.
J’ai aussi débuté des projets plus fondamentaux pour utiliser ces films biomimétiques comme modèles d’études pour comprendre comment les signaux biologiques envoyés par ces protéines sont perçus par les cellules souches humaines. Ça s’appelle de la signalisation à l’échelle moléculaire.
Nos projets se sont bien développés au cours des années. Avec le professeur Bettega de l’hôpital d’Annecy Genevois, nous préparons un essai clinique pour réparer les os des dents chez des patients. Avec des équipes de biologistes qui travaillent dans le domaine des cancers, et pour certaines déjà dans le domaine des BMPs, nous utilisons les films biomimétiques pour étudier, en laboratoire, les réponses des cellules humaines – issues des patients – à ces protéines.
A quel laboratoire de Grenoble INP - UGA êtes-vous rattachée ?
Actuellement, je suis directrice de l’Unité 1292 Biosanté (INSERM /CEA/ UGA), unité mixte de recherches qui est localisée sur le site du CEA. Au sein de cette unité, je dirige une équipe de recherche, l’équipe "Biomimétisme et Médecine Régénératrice" (BRM), qui est labelisée par le CNRS, l’UGA, le CEA et l’INSERM. Actuellement, mon laboratoire n’est donc pas rattaché à Grenoble INP - UGA.
Pour le prochain quinquennat, je vais rejoindre un laboratoire qui a pour tutelle secondaire Grenoble INP - UGA, le laboratoire TIMC, dans l’équipe BIOMECAMOT, pour travailler directement avec les cliniciens de l’hôpital. Ces cliniciens sont spécialistes de chirurgie orthopédique. Je travaillerai également avec des biologistes qui sont spécialistes de l’immunité et des cancers.
Sur quelles thématiques scientifiques vous êtes-vous spécialisée ?
Mes projets de recherche et de valorisation font partie du domaine des biomatériaux, du biomimétisme, des dispositifs médicaux et des médicaments pour une délivrance ciblée.
Quelle matière enseignez-vous à Grenoble INP - Phelma ?
En 2019, je suis partie en détachement au CEA pour prendre la direction de l’Unité 1292 Biosanté et à ce moment-là, j’ai arrêté l’enseignement. Auparavant, j’enseignais dans la filière Biomedical Engineering (BIOMED). J’avais un cours sur les biomatériaux/dispositifs médicaux, d’une durée de 20h associé à une séance de TP sur l’analyse de gènes, que j’avais mises en place avec l’aide d’une étudiante doctorante. De plus, j’avais beaucoup de soutenances de stages dans le cadre des relations entreprises.
A mon retour de détachement en 2024, ce sont de nouveaux enseignements qui m’ont été confiés, notamment quelques cours sur les Biomatériaux et des TPs de biologie en 2e année et en 3e année de la filière BIOMED. Par ailleurs, j’ai une décharge d’heures d’enseignement pour les deux projets de valorisation sur lesquels je travaille : APIOS et BioactiveCoatings.
*LMGP : Laboratoire des matériaux et du génie physique (UMR - CNRS, Grenoble INP - UGA).