Pierre Guyot (1935-2025) fut une grande figure de la métallurgie à Grenoble et en France. Élève de l’École de Physique et Chimie Industrielles de la Ville de Paris, il réalise sa thèse au centre de recherche européen d’Ispra, sous la direction de Jacques Friedel, l’un des fondateurs de la métallurgie physique et de la physique des solides en France. Ses premiers travaux portaient sur la tenue à chaud des alliages d’aluminium renforcés par dispersion d’oxyde.
Après quelques années à Ispra, il rejoint le centre de recherche de Pechiney à Voreppe, nouvellement créé par Charles Crussard et Michel Wintenberger. Il y dirige le département de métallurgie physique avant d’intégrer l’ENSEEG comme professeur, et le LTPCM), dirigé alors par Pierre Desré.
Il y fonde le groupe Physique du métal, étroitement lié à Pechiney, où il reste consultant. Sous son impulsion, ce groupe développe des travaux sur les propriétés mécaniques des métaux et alliages – notamment ceux à base d’aluminium – ainsi que sur les structures électroniques des défauts et la microscopie électronique en transmission, en s’appuyant sur de solides collaborations internes.
Dans les années 1970-1980, le groupe atteint un bon équilibre entre recherche fondamentale et applications industrielles, notamment autour des transformations de phase – domaine dans lequel Pierre Guyot devient une sommité mondiale –, des phénomènes d’ordre-désordre ou de précipitation, et des études menées sur les grands instruments grenoblois comme l’ILL et plus tard l’ESRF. Il contribue également aux recherches menées sur les quasi-cristaux et participe à son essor aux côtés de Marc Audier.
Directeur du LTPCM à la suite de Pierre Desré, il revient ensuite à ses activités de recherche, toujours animé par la même passion, et s’implique dans de nombreux programmes collaboratifs.
Chercheur reconnu internationalement, pédagogue engagé et homme de rigueur, Pierre Guyot a marqué des générations d’étudiant·es et de chercheur·es. Par son exigence, son intégrité et sa vision, il a profondément influencé le développement de la métallurgie à Grenoble. Sa mémoire restera vive dans l’esprit de de toutes celles et ceux qui ont eu la chance de travailler à ses côtés.
* Laboratoire de Thermodynamique et Physico-Chimie Métallurgiques, devenu le SIMaP (CNRS / UGA / Grenoble INP – UGA)