Parlez-nous de votre parcours à Phelma
"De mon temps", même si cela fait à peine 10 ans, les anciennes écoles fondatrices de Grenoble INP - Phelma existaient encore, je suis donc rentré à l'Ecole Nationale Supérieure d'Electronique et de Radioélectricité de Grenoble (ENSERG), ce qui correspond aujourd'hui au parcours Physique Electronique Télécoms (PET) (NDLR : puis Signal, image, communication, multimédia, SICOM). J'étais curieux de comprendre le fonctionnement des appareils électroniques qui m'entouraient, et je rêvais d'être capable de les réparer et d'en construire...
Le flux des données nous entourant est immense : internet, télévision, radio, 3G/4G...j'avais envie de mieux connaître les outils qui permettaient de les transporter et de les réceptionner. Il y a un côté magique à transporter une information qui part d'un support physique, se volatilise sur une onde, pour se matérialiser à plusieurs centaines kilomètres de là, dans une qualité similaire. Dit comme ça, ça fait un peu téléportation de science-fiction, mais ça continue toujours de m'émerveiller !
Avez-vous fait des échanges à l’international ?
Je n'ai pas fait de parcours à l'étranger, j'avais choisi de m'investir fortement dans le fonctionnement de l'école (fondation du premier Bureau Des Arts, BDA à Phelma) et de Grenoble INP (vice-président étudiant, puis président du Bureau National des Elèves Ingénieurs (BNEI) au niveau national) et comme j'avais envie d'ouvrir mon champ, je me suis tourné vers les doubles-diplômes : d'abord un master recherche en sciences cognitives avec les universités du site grenoblois, pour tenter de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau et le circuit de l'information neuronale (on reste dans le thème des ondes et de leur propagation, d'une certaine manière !), puis ensuite un master à sciences-po (NDLR : Master Technique, Science, Décision) pour mieux analyser ce qui fait la dynamique d'une innovation dans la société, comment peuvent naître les controverses et la manière d'accompagner tout projet technique avec les sciences sociales. Parce que l'humain reste toujours au centre de toute technologie !
Que faites-vous aujourd’hui ?
Je travaille à la Fédération Nationale des Collectivités, association rassemblant toutes les collectivités en France, où je suis en charge du déploiement de la transition énergétique sur les territoires. C'est un rôle assez varié, où les journées se ressemblent rarement, tantôt j'accompagne une collectivité rurale sur un petit projet photovoltaïque, tantôt une grosse métropole urbaine sur sa stratégie de méthanisation, tantôt je mobilise des députés et sénateurs pour porter des amendements dans les lois, tantôt j'organise un colloque, rédige un guide, rencontre un Ministre pour faire avancer la représentation des collectivités... ça demande une grande énergie (renouvelable !), mais ça vaut le coup !
Quel a été votre parcours depuis la sortie de l’école ?
A la sortie de l’école, j'ai commencé par travailler à l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), pour travailler sur des projets d'habitats intelligents via la domotique notamment. Très vite, on m'a proposé de prendre le poste de chargé de projets en géothermie profonde : je n'y connaissais rien, mais le domaine avait l'air sympa et intéressant, j'ai accepté ! Et en élargissant peu à peu mes champs d'actions au cours des années, j'ai accepté le poste à la Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies (FNCCR) pour accompagner la stratégie des collectivités.
Vos études à Phelma sont-elles en adéquation avec le poste que vous occupez ?
Si mon parcours Signal, image, communication, multimédia (SICOM) m'a permis de décrocher mon premier emploi via la domotique et la connaissance du traitement de signal et la gestion d'information, je m'en suis finalement éloigné. Cela m'a beaucoup servi lorsque je me suis mis à la géothermie, pour comprendre la structuration du sous-sol via l'utilisation d'outils de visualisation par ondes électro-magnétiques. Plus que des compétences techniques, je dirais que l'école m'a apporté une vision d'analyse d'un projet et la capacité à en analyser les différents angles.
Quelle est, selon vous, la force de Phelma vis-à-vis du monde du travail ?
C'est un peu cette approche transverse qui est inculquée à l'école, et dans le groupe Grenoble INP de manière plus large. Si on est formé sur une filière spécifique, on est au final capable d'en changer si on le souhaite, fort de la capacité d'analyse et de montée en compétences qu'on a acquise sur celle-ci, par analogie.
C'est assez étonnant d'ailleurs, je ne crois pas que ce soit forcément enseigné de cette manière-là dans les cours, mais au final chaque étudiant à cette capacité à développer une vision transverse via son passage à Phelma, à se projeter au-delà du projet technique pour aller chercher la finalité de l'objet dont il développe une partie.
Pour conclure votre témoignage, avez-vous une petite anecdote à nous raconter ?
Il m'en vient tellement, le choix est difficile ! Je ne résiste pas à en raconter une en lien avec la direction de l'école et les associations étudiantes, lorsque nous avons choisi de créer le Bureau des Arts, association qui n'existait pas auparavant, dans aucune école. La direction a d'abord demandé qu'il soit inclus dans le BDE et que ce ne soit pas une association indépendante. Pour nous, c'était pourtant une condition essentielle ; loin de vouloir faire cavalier seul par rapport au BDE, l'idée était surtout d'être capable de faire ses propres recherches de partenariats et de développer sa propre visibilité. Cela a nécessité de longues discussions avec la direction, et je crois qu'il s'agissait là d'une de mes premières négociations qui constituent maintenant une partie non négligeable de mon temps professionnel ! Nous avions finalement abouti à un accord, et c'est toujours un plaisir d'en reparler maintenant avec la direction et les collègues du BDA de l'époque.