Phelma_Rubrique_LEcole_2022_Batiment2

L'évolution de la place des femmes ingénieures en entreprise > Bilan

Pour finir, j’ai demandé aux sondées si elles avaient des conseils à livrer aux futures ingénieures quant à ce qui les attend. Une réponse est récurrente : « oser ». Oser postuler à des postes à responsabilité, ne pas se poser de barrières, ne pas trop réfléchir pour profiter de chaque occasion sans prendre en compte des contraintes qui ne sont pas encore là (notamment familiales), aller négocier des augmentations de salaire, valoriser son travail, avoir confiance en soi et se dire qu’on est aussi légitime que nos homologues masculins, le mieux étant de commencer par penser soi-même qu’on est l’égale des hommes au travail comme à la maison. De plus certaines conseillent de ne pas trop en faire, de rester soi-même et de ne pas chercher à s’imposer par la force en s’inventant un rôle ou en essayant de calquer son attitude sur celle des hommes ingénieurs. Faire son travail consciencieusement et proposer de nouvelles méthodes de travail efficaces suffit souvent à imposer le respect selon elles, et, si besoin, il faut savoir poser des limites. Beaucoup remarquent encore que les ingénieures sont moins solidaires entre elles que les hommes, et que cela constitue parfois une faiblesse. Enfin elles reconnaissent l’importance du choix du conjoint dans la vie professionnelle.
 
Elles n’oublient pas les hommes dans ces conseils. Elles les encouragent à accorder plus de flexibilité aux femmes qui doivent encore trop souvent gérer en solo une carrière professionnelle et leurs enfants (accepter que si elles commencent plus tôt elles peuvent partir plus tôt, organiser des réunions plus tôt dans la journée pour leur permettre d’aller chercher leurs enfants à l’école…), ne pas avoir peur de s’investir dans une vie de famille à leur tour.

De cette enquête je retire donc un sentiment plutôt positif, dans le sens où beaucoup de femmes constatent des évolutions de mentalités et qu’elles s’intègrent plus vite et plus facilement. La féminisation du métier d’ingénieure apporte en elle-même des évolutions, mais l’attitude des ingénieurs évolue aussi avec davantage d’hommes s’impliquant dans leur vie familiale, ce qui permet aux femmes de mener de front une carrière professionnelle et une vie familiale épanouie.

Néanmoins il reste des ombres au tableau, en dehors de comportements individuels ou d’effets de groupes au sein d’une équipe masculine. Les congés maternité ne sont pas encore bien gérés par les entreprises, certaines femmes connaissant une stagnation de leur carrière qui dure parfois longtemps après celui-ci, ce qui n’est pas justifiable lorsque c’est n’est pas la jeune maman qui choisit une moindre évolution pour un meilleur équilibre vie professionnelle-vie privée.

Mais cette perception archaïque des femmes renonçant à leur carrière pour élever leur enfant pénalise aussi des hommes qui souhaiteraient davantage de flexibilité pour s’occuper de leurs enfants ou profiter davantage de leur vie privée. C’est aussi par l’égalité à la maison que les femmes pourront aspirer à des carrières similaires à celles de leurs homologues masculins.

On constate néanmoins que pour encore trop de femmes le retard de carrière n’a rien à voir avec leur vie privée, et beaucoup évoquent encore un plafond de verre. Les hommes négocient davantage leur salaire ou se mettent plus en avant afin de bénéficier d’opportunités non proposées aux femmes. C’est en ce sens que beaucoup des femmes interrogées conseillent aux futures ingénieures d’oser afin de ne plus être désavantagées par rapport à leurs homologues masculins.