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L'évolution de la place des femmes ingénieures en entreprise > Evolution de carrière

C’est principalement sur l’évolution de carrière que se profilent les vraies disparités : près de 50% des femmes les évoquent, essentiellement des femmes embauchées avant les années 2000 qui ont donc un certain recul sur la question.
 
On relève parmi les réponses : dix ans de décalage de carrière entre certaines ingénieures et leurs homologues masculins (voire leur conjoint) venant de la même école, avec le même diplôme et avec la même expérience professionnelle ; des postes obtenus avec trois ans de retard ; des difficultés récurrentes d’évolution salariale ou un placement systématique des femmes sur des postes moins valorisés. Certaines entreprises semblent réajuster régulièrement les salaires des femmes pour qu’ils suivent la même progression que ceux des hommes, mesure nécessaire car il semble que dans l’ensemble les hommes réclament davantage d’augmentations de salaire que les femmes. Néanmoins, cette mesure ne s’applique pas dans la majorité des entreprises, et ce, quelle que soit la décennie considérée.

Parmi les femmes interrogées, 16% n’ont pas toujours travaillé dans des entreprises ou des équipes majoritairement masculines. Parmi elles, plus de 50 % considèrent qu’elles ont connu une réelle différence, positive comme négative. Pour certaines il s’agissait d’une plus grande facilité à s’imposer dans une équipe davantage féminine, pour d’autres c’est un changement d’ambiance. Néanmoins il est à noter que des équipes uniquement féminines ne sont pas forcément appréciées par les femmes interrogées. Le mot d’ordre repris par l’ensemble des ingénieures est « mixité et diversité ». Par exemple, 67% sont d’accord pour dire que les hommes et les femmes n’ont pas la même façon d’aborder les problèmes ni de gérer les conflits, qu’il y a toujours une complémentarité qui s’instaure au sein d’une équipe mixte. Elles s’identifient comme de meilleures médiatrices que les hommes dans le cas de conflits ou de problèmes importants, capables de créer une ambiance plus détendue, étant plus empathiques et moins compétitrices que les hommes. Elles abordent également les problèmes avec plus de rigueur et d’organisation, notamment du fait que les femmes assument encore souvent plus d’obligations familiales que les hommes. Certaines remarquent cependant que dans l’ensemble, au delà du genre, toute forme de mixité est la bienvenue car il y autant de façon de travailler que de personnes, chacun ayant une sensibilité, une formation et une histoire différente. Les qualités citées plus haut, et identifiées par ces femmes comme « féminines », pourraient en fait provenir d’une différence d’éducation que peuvent recevoir les hommes et les femmes, mais dans ce cas précis, la différence éducative est plutôt une force pour les femmes plutôt qu’un handicap à qui sait s’en servir.

Les sondées ayant été embauchées avant 2014 observent pour la plupart une évolution positive de leur rapport avec les hommes, et ce indépendamment de la décennie considérée : 22% pensent que cela n’est dû qu’à leur ancienneté et 14% à l’évolution des mentalités entre les anciennes et nouvelles générations. Evolution plus ou moins lente selon l’entreprise et l’équipe managériale. En effet celle-ci peut mettre l’accent sur ces problématiques au moyen de formations de sensibilisation. 10% des sondées pensent que l’évolution vient à la fois de leur ancienneté et d’un changement des mentalités: voir les femmes évoluer en entreprise a de fait changé le regard porté sur les femmes et a instauré une plus grande confiance, ce qui permet aux femmes d’évoluer plus rapidement. Les plus jeunes générations d’hommes arrivant dans une entreprise plus mixte y voient une situation normale contrairement aux ingénieurs plus anciens qui se sont adaptés bon gré mal gré à la présence de femmes ingénieures de plus en plus marquée. Dans l’ensemble, certaines pensent qu’il restera toujours des comportements isolés désagréables mais qu’il ne faut plus les généraliser à l’ensemble des hommes. De par l’expérience acquise, les femmes avec plus d’ancienneté ont appris à adapter leurs comportement en osant s’affirmer davantage. Parmi les répondantes, quelques femmes ont toutefois connu une dégradation de leurs rapports avec leurs collègues masculins. En effet, plus elles évoluaient dans l’entreprise, plus elles se trouvaient isolées et avaient à faire à des comportements moins bienveillants envers les femmes (devant travailler avec des hommes plus âgés et peu habitués à traiter avec des femmes). 27% des femmes ne se sont pas prononcées car n’ont pas assez d’expérience pour juger de l’évolution, tandis que le reste des sondées n’a observé aucune évolution.